Sécheresse 2022 : L’été de trop !

Les pêcheurs de Loire-Atlantique sont en colère !

Les constats


Alors que l’été 2022 bat pour la 2ème année consécutive le record de l’année la plus chaude jamais enregistrée (sources : communiqué du service européen d’observation du climat COPERNICUS du jeudi 8 septembre 2022), et que les années de manque d’eau et de fortes sécheresses se font régulières, voici le constat de notre réseau associatif, constitué de 29 associations de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique et leurs 33 000 pêcheurs de loisir en eau douce présents sur le terrain en Loire-Atlantique :


– En Loire Atlantique, la Loire a atteint sa cote la plus basse jamais enregistrée depuis l’été 1976 avec un débit passé en état d’alerte renforcée, sous le seuil des 100 m3/s, dans le courant de l’été. Dans un même temps l’usage d’eau potable est passé en situation de crise au cours du mois d’août.


– Notre réseau associatif estime à plus de 65% le linéaire de cours d’eau de notre département qui est totalement à sec (essentiellement les réseaux secondaires et tertiaires) et ne présente plus aucun refuge aquatique pour les poissons, entraînant un préjudice écologique considérable. Les nappes d’accompagnement de ces cours d’eau sont asséchées et certaines nappes phréatiques plus en profondeur ont atteint leur seuil critique.

 


– Durant l’été, nos gardes-pêche et l’ensemble de nos personnels techniques (y compris à l’échelle nationale) ont dû faire face à la souffrance et à l’asphyxie des poissons, piégés dans des flaques trop petites au fil des cours d’eau qui étaient en cours d’assèchement. Nous avons dû réaliser plusieurs pêches de sauvetage sur certains secteurs et n’avons malheureusement pu que constater des mortalités importantes sur d’autres, ne pouvant pallier le manque d’eau…


– Afin de préserver le patrimoine piscicole du Cens et du Gesvres, la Fédération de Pêche 44 a demandé au préfet la fermeture de la pêche sur ces 2 seuls cours d’eau salmonicoles du département, car les conditions de vie pour les truites n’étaient plus garanties à cause des températures élevées et des assecs sévères.

– En parallèle à cette situation, les 35% de linéaire de cours d’eau encore en eau présentent pour l’essentiel des accumulations de polluants et des blooms importants de cyanobactéries (à l’instar de l’Erdre). Certaines communes ont pris des arrêtés d’interdiction de baignade, d’activités nautiques ou de consommation du poisson pêché (ex : Carquefou, Nantes, Vigneux de Bretagne, août 2022) car les concentrations en cyanotoxines dépassaient allègrement les seuils définis par les pouvoirs publics.


– Depuis ces dernières années, nous sommes les témoins des évacuations hivernales systématiques de la ressource en eau par certains gestionnaires agricoles et parfois même publics, qui drainent volontairement les terres et les marais humides et chassent brutalement les crues plutôt que de les laisser s’étaler sur les zones inondables et recharger ainsi les nappes souterraines de février à mai.

Nos demandes auprès des pouvoirs publics


Forts de ce triste constat, nous, élus de la Fédération de Loire-Atlantique pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, déplorons une politique de l’eau peu ambitieuse et pas assez réactive pour répondre aux enjeux de changements climatiques. Nous, élus de la FLAPPMA, demandons instamment et durablement aux pouvoirs publics :


– De rétablir les fonctionnements hydrauliques naturels des bassins versants en prenant en compte :


• La réduction sensible de l’imperméabilisation des sols et des drainages agricoles systématiques, lesquels accélèrent les transferts de polluants dans les eaux de surface, favorisent les risques d’inondations hivernales, assèchent les terres agricoles trop vite au printemps, et forcent à un usage irraisonné de l’eau durant l’été.

• de laisser l’eau investir les zones naturelles de débordement et favoriser ainsi l’infiltration de l’eau progressive dans les sols afin que les nappes puissent avoir le temps de se recharger.

• de restaurer les zones humides et les haies bocagères qui agissent comme des régulateurs, et d’encadrer plus strictement leur gestion.

 

– De garantir la fonctionnalité écologique des zones humides et des marais doux en favorisant des politiques de maintien de niveaux d’eau hivernaux et printaniers adaptés aux espèces végétales et animales qui en dépendent, notamment en ce qui concerne le brochet qui est classé vulnérable par l’UICN*.

– D’anticiper les restriction des usages de l’eau et réduire les dérogations aux pompages avant que les cours d’eau ne soient placés en état d’alerte, et d’assurer l’autorité et les contrôles nécessaires au respect de la loi

– De garantir la présence, la qualité, le partage et la sobriété des usages de la ressource en eau pour l’ensemble des activités en corrigeant la gestion de l’eau là où elle est inadaptée et d’anticiper ainsi la pénurie notamment pas les mesures précitées.


Les rivières doivent continuer à vivre et nous les défendrons tant qu’il y aura des poissons et des pêcheurs.

Le temps du constat est révolu. Nous demandons des actes forts et concrets.


IL EST URGENT D’ADAPTER LES POLITIQUES DE GESTION POUR FAVORISER ET
CONSERVER L’EAU NATURELLEMENT DANS NOS SOLS ET DANS NOS COURS D’EAU.


Bernard HAMON
Président de la Fédération de Loire-Atlantique pour la Pêche
et la Protection du Milieu Aquatique