Les marais [de l’Isac] encore inondés fin Mars ! Une aubaine pour le Brochet ?

Non, nous ne rêvons pas : nous sommes le 22 mars 2024 et les marais de l’Isac sont inondés !!! Et c’est à la fois un « scoop » et inespéré pour l’espèce Brochet qui pourrait en profiter  [nous allons le vérifier courant avril].

 

Une pluviosité record depuis plus de 10 ans !

Cela ne s’était plus produit depuis bien longtemps (2013) et mérite de passer en actus !!!

Pour la Loire-Atlantique, l’hiver 2023-2024 aura été l’un des plus arrosés depuis plus de 10 ans !

Sans vouloir trop anticiper l’été 2024, cette continuité pluviométrique est rassurante pour le rechargement hydrique des nappes alluviales et phréatiques et elle écarte le spectre d’une sècheresse estivale comme nous l’avons connue en 2022.

Mais au-delà des stocks d’eau dans les sols et les nappes, cette continuité pluviométrique a permis aux marais de rester [exceptionnellement] en eau jusqu’à aujourd’hui encore ! 

https://youtu.be/V1–iM2LDjw

 

Des marais inondés !? Vous voulez rire !

Non, nous ne rions plus. Nous pleurons même, en observant depuis presque une décennie les sécheresses infligées volontairement aux milieux naturels et aux marais doux par certains gestionnaires peu scrupuleux de la faune et la flore de ces zones humides fragiles. 

Nous pleurons chaque printemps lorsqu’il est l’heure de faire l’état des lieux des reproductions de l’espèce Brochet sur des marais désespérément et en permanence asséchés ! Sur ces zones humides à grande échelle où le Brochet devrait prospérer, sa productivité est passée localement sous la barre de son statut  « vulnérable« , classé par l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature). 

Car non, le réchauffement climatique n’a que peu d’incidences sur ces marais, du fait que la plupart sont contrôlables par la présence d’ouvrages de régulation. En effet, ces derniers servent à moduler la hauteur d’eau des cours d’eau, mais aussi [et surtout] à ennoyer les zones inondables et humides qui leur sont annexées, autorisant ainsi la vie et la reproduction d’espèces particulières qui vivent et évoluent dans ces zones où se succèdent les marnages saisonniers : ennoyés l’hiver, asséchés l’été. Et c’est cela qui offre la richesse exceptionnelle de ces zones humides, qu’elles soient alimentées en eau naturellement ou artificiellement (voir également l’exemple des plantes amphibies du Lac de Vioreau (la Littorelle à une fleur, la Gratiole officinale et le Coléanthe délicat) qui font partie des communautés végétales des grèves exondables et n’y sont présentes uniquement grâce au marnage artificiel du lac).

 

Combien de temps encore va-t-il- nous falloir expliquer la mise en danger de l’espèce Brochet aux autorités locales sourdes ?

S’il est aisé de clamer haut et fort son intérêt pour la biodiversité sur papier glacé, cela devient plus compliqué lorsqu’il s’agit des actes et de la prise en compte des espèces exigeantes. Car le Brochet fait partie de ces dernières. Sa reproduction est basée sur l’inondation des prairies et la stabilité des niveaux d’eau jusqu’à l’apparition des juvéniles : Une fois les œufs déposés et fécondés sur la végétation ennoyée, ils sont à la merci des fluctuations hydrauliques…

  • Un marais qui se vide trop rapidement : C’est l’anéantissement de la fraie !
  • Trop d’à-coups hydrauliques : C’est l’anéantissement de la fraie !
  • un marais qui ne s’ennoie plus : C’est une frayère morte, un sursis pour l’espèce et un déséquilibre pour l’ensemble de la biocénose piscicole ! 

 

2024 : l’année du Brochet ?

Les garants des milieux aquatiques et des espèces piscicoles que nous sommes attendaient cette année pluvieuse depuis plus de 10 ans ! 10 ans de souffrance pour l’espèce brochet sur les marais de l’Isac !

Et c’est finalement la nature elle-même qui « reprend ses droits » (je n’aime pas cette expression mais elle parle à tous).

Les pluies abondantes et régulières de cet hiver ont rendu très difficile les exondations totales et permanentes et les chasses continues  préconisées par les politiques locales de l’eau.

Du coup, cette année pourrait être profitable au Brochet, comme rarement sur les marais de l’Isac. Mais passées les pluies soutenues, la trop large ouverture des vannes reprend de plus belle son achèvement mortifère pour les pontes des poissons : vider le marais à tout prix,  le plus rapidement possible, tel est l’objectif fixé.

Alors comme chaque année au mois d’Avril, nous assurerons les inventaires « Brochet » tout en espérant que les oeufs des brochets auront éclos précocément,  et que la vie piscicole aura devancé les seuils critiques fixés par leurs gestionnaires, et qui leur sont fatals.

Et peut-être pleurerons-nous de JOIE…

Rendez-vous dans moins d’un mois pour le verdict…