Les résultats

Sur les 63 espèces recensées sur le réseau hydrographique des Pays de la Loire (poissons et macro-décapodes confondus), 25 sont apparues après 1800.
 
Concernant les poissons considérés comme autochtones sur la région, le bilan 2013 dresse le constat suivant :
  • une espèce a disparu totalement de la région,
  • 14 espèces ont été classées « menacées » ou « quasi-menacées » soit 40% des espèces indigènes.

Concernant les écrevisses, le constat est encore plus alarmant. La seule écrevisse autochtone en région est classée en CR, en danger critique d’extinction.

 

Ce qu’il faut retenir :

Les résultats de ces travaux indiquent que les poissons et écrevisses d’eau douce autochtones connaissent une situation encore préoccupante malgré les efforts menés ces dernières années par les collectivités, les pouvoirs publics et le monde associatif. Ce constat confirme une sensibilité forte de ces groupes faunistiques, déjà observée au niveau européen et national. Cette liste rouge apporte des précisions sur les espèces qui localement, subissent un déclin majeur de leur population ou de leur habitat.

Sans surprise, les espèces ayant des cycles biologiques complexes sont particulièrement menacées. C’est le cas des espèces migratrices amphihalines1 qui apparaissent particulièrement vulnérables voire en danger critique d’extinction, ou disparues (l’esturgeon européen). Leur régression sur le plan des abondances ou de leur emprise géographique s’explique en grande partie par des facteurs anthropiques en eau douce (pression halieutique, aménagements, pollutions) mais des perturbations en mer sont encore mal identifiées. Le réchauffement des eaux marines, la surpêche de certaines espèces parfois ancienne, les pollutions en mer contribuent probablement à la situation observée en eau douce.

Qu’il s’agisse des écrevisses ou des poissons, les espèces inféodées à des milieux aquatiques lotiques (présentant du courant) et affectionnant les eaux fraiches et peu polluées font partie des espèces les plus menacées. Ces espèces sont particulièrement sensibles aux ruptures d’écoulements des cours d’eau, beaucoup plus fréquentes de nos jours dans notre région que lors des siècles passés. La régression de ces espèces met en évidence un dysfonctionnement global des rivières de la région, avec notamment, la régression de l’habitat courant (d’eau vive) et la multiplication des zones d’eau stagnante favorisant le réchauffement et l’accumulation de substances toxiques. Paradoxalement on assiste à une augmentation des étiages sévères précoces dans les cours d’eau en lien avec le recours au drainage massif d’origine agricole ou urbaine, lequel augmente les effets de « chasses » lors d’épisodes pluvieux provoquant une évacuation rapide des eaux. Les pollutions diffuses encore importantes, et le grand nombre d’obstacles à la circulation sur cours d’eau peuvent aussi expliquer la régression de ces espèces.

Il ressort également de cette étude que les espèces piscicoles dominant la chaine alimentaire montrent une vulnérabilité marquée (le brochet, la truite, l’anguille, la lote). Cette situation est inquiétante et montre un dérèglement de la structure trophique des peuplements en place. Les causes de la régression sont en partie connues, comme la régression des habitats favorables à ces taxons et une diminution des périodes favorables à des reproductions réussies. Néanmoins d’autres causes probables sont moins bien identifiées et mériteraient une attention particulière (comme l’effet de certains micro-polluants présents dans l’eau et accumulés dans les chairs des proies, avec des effets probables sur la reproduction). Cette déstructuration des peuplements peut avoir des conséquences importantes. Ainsi l’absence de ces grands carnassiers peut participer, par une faible prédation régulatrice, à l’augmentation des abondances d’espèces banales ou d’espèces exotiques à caractère envahissant.

Enfin, le grand nombre d’espèces d’origine exotique en Pays de la Loire, apparait comme un signe défavorable sur le plan de la qualité piscicole des cours d’eau. Bien que toutes ces espèces ne montrent pas forcément d’effets négatifs visibles ou de tendance invasive, des études sur la dynamique de ces populations et un suivi de leur impact sur les espèces autochtones apparaissent nécessaires en vue de mettre en place des plans de gestion efficaces pour le maintien de la biodiversité locale.

Pour conclure…

Les cours d’eau et zones humides des Pays de la Loire ont subi depuis plusieurs dizaines d’années des pressions importantes sur le plan de l’hydrologie, de la morphologie, de la qualité de l’eau mais également sur le fonctionnement hydraulique. Si la diversité piscicole globale a augmenté depuis un siècle en raison de la multiplication d’habitats favorables à des espèces introduites inféodées aux milieux lentiques, la qualité piscicole naturelle des cours d’eau est encore plutôt dégradée malgré les efforts menés par la collectivité. Des signes encourageants sont toutefois perceptibles et montrent l’intérêt de poursuivre ces actions. Une attention particulière devra être portée aux espèces qui n’ont pas été classées vulnérables au niveau national alors qu’en région des Pays de la Loire, elles apparaissent en déclin.



[1] Espèce dont une partie du cycle biologique se fait en eau douce et une autre partie en eau salée.


 

Qu’est-ce qu’une liste rouge ?

Une liste rouge est un document permettant d’évaluer le risque d’extinction des espèces.

Pourquoi une liste rouge ?

Cette liste constitue un document d’information sur l’état de la biodiversité piscicole et astacicole de la région. Ce document se veut un outil d’aide à la décision dans les démarches de gestion du territoire et pour les politiques locales afin d’assurer une meilleure protection du patrimoine piscicole de la région. Les exploitations de cette liste sont multiples : apprécier l’impact d’un projet, mettre en place un plan de gestion sur certains milieux, règlementer l’exploitation de certaines espèces ou tout simplement informer le grand-public de la richesse de cette biodiversité. Pour résumer, nous espérons que le fruit de ce travail, permettra aux générations futures de connaître les espèces locales, d’en apprécier les enjeux et de poursuivre la protection de ce patrimoine précieux.

Comment a été mise en place l’étude ?

En pays de la Loire, de nombreuses données concernant les peuplements piscicoles des milieux aquatiques de la région ont pu être collectées depuis les années 1990.

L’ensemble de ces données a été compilé à l’échelle régionale et analysé à l’échelle de l’espèce.

Ainsi, les Fédérations départementales pour la pêche et la protection du milieu aquatique ont travaillé, en association avec l’ONEMA et les autres structures menant des études scientifiques sur la région, à une analyse de l’historique de chaque espèce, des pressions identifiées sur chacunes d’entre elles et ont procédé à l’évaluation de leur état de conservation par la méthode reconnue au niveau international (la méthode de l’UICN).

Pour en savoir plus
Pour en savoir plus sur la mise en oeuvre de l’étude, contactez la fédération de pêche 44, animatrice du projet (02.40.73.62.42)
Pour contacter les référents par départements, rendez-vous sur les sites internet des autres fédérations  :