étude saisonnière des montaisons de civelles

La pêche de l’anguille vient tout juste d’ouvrir (1er avril) excepté sur la zone Loire-Aval.

La Civelle, l’alevin de l’anguille a fait un long voyage

L’anguille européenne, cette espèce,  dont chacun connait son statut de grand migrateur, représente chaque année une manne économique pour la pêche professionnelle ligérienne. Le ballet des civelliers (ces bateaux spécialisés dans la pêche de l’alevin de l’anguille) a repris depuis le mois de mars tandis que les alevins d’anguille tentent de remonter le fil des affluents de la Loire pour atteindre les secteurs de grossissement et devenir adultes. Si en Loire-Atlantique, nous avons encore la chance de pouvoir côtoyer cette espèce, il n’en est pas de même sur le reste du bassin versant de la Loire !  Les niveaux de recrutement (effectifs arrivant de l’océan) ont enregistré une baisse dans les années 70 avec une chute marquée dans les années 90. Aujourd’hui la tendance est basse mais stable.  Un sursaut a été observé en 2013, suivi d’une rechute… 

Depuis plusieurs années, la fédération de pêche et de protection du milieu aquatique met en place des études et contribue à des suivis nationaux sur ce poisson tant recherché, et dont la survie à l’échelle de l’espèce semble si précaire. L’objectif est de mieux comprendre l’état de la population, son renouvellement, ses mécanismes des flux migratoires et surtout, afin que les décideurs prennent des mesure de gestion adaptées.

 

 

Le bassin de l’Erdre à l’étude

Parce qu’il est représentatif des populations d’anguilles dans notre département et que sa confluence avec la Loire demeure un obstacle à la montaison des migrateurs (écluse de Saint Félix à Nantes), le bassin de l’Erdre a été mis à l’étude pour évaluer les stocks de civelles qui parviennent à franchir le barrage (on parle aussi de « recrutement du bassin versant »).

Le suivi est mis en œuvre par la chargée de missions à la Fédération Départementale 44 en partenariat avec les services du Conseil Départemental de Loire-Atlantique (gestionnaire et propriétaire du domaine). Il s’accompagne d’une mise à disposition de personnel stagiaire dédié aux prélèvements quotidiens et à la surveillance des alevins.

 

Comptage quotidien, éclusées dédiées au franchissement et lutte contre le braconnage…

Pré-tri des civelles à l’étude

Parmi les actions mises en œuvre sur cette étude, la principale est la mise en évidence quantitative des individus qui parviennent à franchir l’écluse de Saint Félix : un dispositif spécial permet de capter les effectifs de civelles et autorise ainsi le comptage et la pesée quotidiens. L’opératrice récupère les individus, puis réalise un pré-tri des classes de poids en passant les civelles dans des tamis sélectifs avant de réaliser la biométrie (pesée et mesure). Elle terminera sa matinée en relâchant l’ensemble des alevins qui partiront à la conquête de leur rivière.

 

 

Parmi les opérations visant à faciliter le franchissement de l’ouvrage, sont programmées 3 éclusées dédiées à l’anguille (mais d’autres espèces piscicoles profitent des « portes ouvertes » comme le sandre). L’anguille est lucifuge : elle fuit la lumière et il n’y a donc pas de migration en journée. C’est pourquoi le franchissement est réalisé de nuit , sous haute surveillance (Les agents de l’Agence Française de la Biodiversité, les garde-pêche fédéraux et parfois même les services de police) pour assurer la sécurité des civelles face à un braconnage toujours plus organisé, toujours trop gourmand et parfois violent. Ces éclusées sont co-financées par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. 

 

Enfin, des suivis sur le devenir de ces civelles sur le bassin de l’Erdre sont

menés. Ces analyses par pêches électriques 

menées par la Fédération de pêche avec le soutien de l’Agence de l’Eau, permettent d’identifier d’autres problèmes pouvant impacter le cycle biologique de l’animal : qualité des milieux, effet des autres obstacles migratoires etc… 

Déjà des résultats…

A ce niveau de l’estuaire, un kilogramme de civelles contient à peu près 3000 individus en début de saison (Février-Mars). A l’approche de l’été, ce même kilogramme contiendra près d’un tiers de plus d’individus car les civelles perdront près d’un tiers de le poids. Le pic de recrutement du bassin versant est atteint autour du début mars, pour se tarir au début du mois de juillet, fin de la saison. La passe à civelle  permet à une partie des civelles se présentant à l’embouchure de l’Erdre d’y accéder, mais les montaisons sont souvent limitées par des débits important en sortie de barrage. La civelle est bonne nageuse mais elle a peu de forces et peine à lutter contre les flux d’eau importants… trouver l’entrée de la passe à anguille n’est pas toujours évident. L’année 2017, qui a connu peu de précipitation, a permis un franchissement du barrage supérieurs aux années précédentes sur l’Erdre, mais cela ne s’est pas vérifié sur les autres bassins versants.  Bien d’autres paramètres contribuent aux conditions de franchissement du barrage comme les conditions de marée, de salinité et les paramètres climatiques, de température de luminosité et d’hydrologie de la Loire. Tous ces paramètres sont analysés. Si  le prélèvement par la pêcherie professionnelle est globalement connu, les prélèvements par les braconniers sont en revanche beaucoup plus compliqués à estimer, et restent un problème majeur sur le site à l’heure actuelle.

Concernant le devenir des anguilles sur le reste du bassin,  l’étude a mis en évidence qu’on ne trouve que de faibles densités sur les affluents de l’Erdre : sont elles assez nombreuses pour le renouvellement du stock du bassin? sont elles bloquées dans leur cycle biologique par les autres barrages?   Les suivis se poursuivent avec les gestionnaires pour comprendre où se trouvent les leviers pour améliorer la situation et contribuer au renouvellement de cette espèce encore si mystérieuse.

Voir le reportage France 3 qui a suivi nos suivis !

reportage complet ici

 

Pour en savoir plus :

 

 

Les poissons migrateurs